Révolution ivoirienne ?
Après sa visite en Côte-d'Ivoire début 1979, où il n'avait pas mis les pieds depuis de longues années, il m'a dit qu'il était impressionné par la transformation du pays, notamment Abidjan et Yamoussoukro. Je lui ai demandé s'il estimait que la population contrairement à ses affirmations antérieures, avait récolté les fruits du développement. "Je dois avouer que j'ai pu me rendre compte que les paysans en particulier bénéficient effectivement de l'évolution générale. En visitant Yamoussoukro, j'ai mesuré pour la première fois ce que le "non" de 1958 acoûté à mon pays." Mais il a tout de suite ajouté : "Cependant, je ne regrette rien de ce que j'ai fait." Il est vrai qu'il disait aussi : "En Guinée, au moins, la révolution est déjà faite !". Et il était pessimiste sur la Côte-d'Ivoire d'après Houphouët.
André Lewin : extrait de "Sékou Touré, tel que je l’ai connu". A_télécharger_ici
Et l’histoire lui donnera raison, les ivoiriens finirent par faire "leur révolution" près de… cinquante ans après les guinéens. Car, ce que Gbagbo appelait "la refondation" et qui a été compromise par la corruption et le népotisme pratiqué par son clan, n’était rien d’autre qu’une révolution à l’ivoirienne. Les descendants d’esclavagistes, qui se reconvertirent en colons puis en néo colons, que sont les Bouygues, les Rothschild, Bolloré et autres, considèrent les ex colonies africaines comme leurs propriétés privées. Les actions des 400 filiales d’entreprises françaises officiants sur le territoire ivoirien, appartiennent en majorité à ces familles immensément riches, dont l’origine des richesses provient essentiellement d’Afrique. La "révolution ivoirienne", a donc elle aussi coûté très cher à la Côte d’ivoire : Des milliers de morts, des billions de francs de destructions et de pertes. Des décennies de retards etc. etc.
La Côte d’ivoire a été elle aussi châtiée, comme le fut la Guinée de Sékou, par les néo-colons, pour son désir d’émancipation. Car il faut bien le comprendre, l’autonomie concédé par De gaule aux colonies françaises, n’est pas l’indépendance et ne le sera jamais. Tous les chefs d’états africains qui avaient eu le malheur de confondre ces deux statuts bien distincts, l’ont appris à leur dépends.
Les entreprises françaises, dont la Côte demeure "la vache à lait", ont conservé leur statut privilégié. Les "intérêts français" ou le pillage français, c’est selon, a donc été préservé. Quel est donc l’étendu et la nature des concessions faites par Gbagbo aux néo colons et à leur sbire, le sanguinaire Blaise Compaoré, pour la libération du pays ? Ce repli des néo colons ne serait-il pas purement stratégique ? En attendant le départ du pouvoir de Gbagbo, vu que l’occupation de la moitié du pays l’y maintenait indéfiniment ?
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