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XADA POLITICUS
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27 février 2011

Hitler n’a rien inventé III

 

les_fantomes_du_roi_leopold2Le führer du troisième Reich n’a absolument rien inventé. Il n’est qu’un vil plagiaire des esclavagistes et colonialistes occidentaux. Les éléments de la division nazie SS Das Reich, qui massacrèrent entièrement le village français d’Oradour sur Glane, sont des enfants de cœur comparés à ces derniers. La traite négrière et la colonisation, firent des centaines de millions de victimes africaines pendant ces cinq derniers siècles. Adolf Hitler, de notre point de vue, était un véritable « démocrate ». Un « démocrate » d’un genre un peu particulier, certes, puisqu’il ne resservait pas les massacres et les réductions en esclavage, uniquement aux noirs. Ses semblables blancs, avaient eux aussi droit à « la profondeur des ténèbres » : Avec Adolf Hitler, pour une fois, un pays européen colonisa d’autres pays européens qui purent ainsi, eux aussi, gouter aux « bienfaits » de l’esclavage et de la colonisation occidentale. Notre regretté Aimé Césaire, pensait d’ailleurs que l’Allemagne nazie n’a fait qu’appliquer en petit, ce que l’Europe a appliquée pendant des siècles aux peuples et aux races qui eurent l’audace ou la maladresse de se trouver sur son chemin, comme le confirme le texte ci-dessous, qui met en lumière l’extrême sauvagerie de l’homme blanc. Pour les africains, Hitler n’est qu’un sanguinaire colonialiste occidental parmi tant d’autres.

 

La colonisation de l’Afrique, ou 100 ans d’agressions militaires sauvages

L’occupation nazie de la France a duré quelques années, tandis que l’invasion militaire de l’Afrique par les Européens a duré un bon siècle, de 1854 à 1960 ; voire au-delà si l’on compte les guerres de néocolonisation qui s’ensuivirent. Or, soixante ans plus tard, des dizaines de milliers de Français sont encore profondément marqués par cette occupation nazie, qu’ils commémorent annuellement dans un élan collectif de réappropriation de soi après une telle tragédie nationale. On imagine alors l’ampleur du traumatisme provoqué en Afrique par un siècle d’agressions militaires européennes sans pitié, succédant immédiatement à quatre siècles de déportations négrières ; un désastre largement occulté aux écoliers et citoyens africains, et dont aucune initiative institutionnelle d’anamnèse n’est prise par les autorités politiques (in)compétentes.

Or, l’une des premières causes du marasme économique africain consiste dans ce traumatisme : dans les massacres et exécutions sommaires, dans les incendies de milliers de villages et de récoltes, dans l’éparpillement des populations rurales, dont certaines ont dû s’enfuir vers des régions peu hospitalières, moins fertiles. Tant de dévastations criminelles qu’aucun Plan de Reconstruction du tissu rural africain, ni aucun programme d’investissements technologiques ou infrastructurels massifs, ne sont venus palier. Le « drame de l’Afrique », c’est aussi cette amnésie collective d’une défaite aussi radicale ; ce renoncement des élites aliénées à voir et à comprendre ce qui nous est arrivé. Pourtant, les documents ne manquent pas pour prendre l’ampleur de ces atrocités ; notamment cet ouvrage d’Adam Hochschild sur Les Fantômes du Roi Léopold, dont on commente ci-après des fragments :

Charles Lemaire

28 mars 1891 : le village de Bokanga est brûlé

04 avril 1891 : le village de Bolibo est brûlé

12 avril 1891 : attaque des villages de Ikengo [...] Le grand chef Ekélé de Etchimanjindou est tué et jeté à l’eau.

14 avril 1891 : « expédition contre Loliva qui refuse de venir à la station. Temps détestable ; l’attaque se fait par une pluie battante. Le groupe de villages est considérable. On n’arrive pas à tout détruire. Une quinzaine de Noirs sont tués.

14 juin 1891 : a 5 heures du matin le zanzibarite Metchou est envoyé avec une qurantaine d’hommes pour brûler Nkolé. [...] L’opération réussit très bien et tout est brûlé.

04 septembre 1891 : à 4 heures du matin préparatifs d’attaque contre Ipenko. [...] Tout le village a été brûlé et les bananiers coupés.

3 juillet 1892 : Les villages Bompopo ont été attaqués le 7 juillet par le lieutenant Sarrazijn ; 20 natifs sont tués ; 13 femmes et enfants sont faits prisonniers.

 

Louis Leclercq

21 juin 1895 : « [...] arrivée à Yambesi à 10h20. Village abandonné [...] Nous envoyons plusieurs groupes de soldats battre la plaine ; ils reviennent quelques heures après avec 11 têtes et 9 prisonniers. Une pirogue envoyée en chasse le soir rentre dans la nuit en ramenant plusieurs têtes également. »

22 juin 1895 : « on nous amène trois prisonniers dans la matinée, trois autres vers le soir et trois têtes sont rapportées. Un homme de Baumaneh parcourant la forêt en appelant à grands cris sa femme et son enfant égarés s’approche trop près de notre campement et reçoit une balle d’une de nos sentinelles. On nous rapporte sa tête. Jamais je n’ai vu une telle expression de désespoir, d’effarement. [...] Nous faisons incendier le village.

Peut-on imaginer la détresse de parents ayant laissé ainsi crever leurs si chers enfants ? Car nous sommes bien en Afrique, où la plus grande richesse que puisse solliciter un homme de la « providence » est d’enfanter, voire le plus possible. On ne saurait mesurer les profondes conséquences psychosociologiques d’un aussi tragique sentiment individuel de culpabilité, qui aura rongé tant et tant de milliers de Nègres coupables même d’avoir échappé à la « Férocité Blanche », contrairement à leurs progénitures : combien ont sombré dans l’alcoolisme pour s’évader de tant d’atrocités ? Combien se sont donnés la mort, ou se sont laissés mourir de chagrin, désespoir ?

Tandis que se répandaient les nouvelles de la terreur, des centaines de milliers d’Africains abandonnaient leurs villages. Souvent, par mesure de rétorsion, les soldats prenaient leur bétail, brûlaient leurs huttes et leurs récoltes, laissant les villageois sans nourriture. [...] Parfois les villageois qui fuyaient ces expéditions abandonnaient les enfants en bas âge, de crainte que les cris de ceux-ci ne trahissent leurs cachettes ; en conséquence, de nombreux enfants mourraient de faim.[...] Edgar CASINIUS vit des réfugiés, victimes de ces raids, « vivant comme des bêtes sauvages dans la forêt, se nourrissant de racines, de fourmis et autres insectes. » En 1899, un missionnaire presbytérien, collègue de Sheppard, écrivait : « Lorsqu’ils ont appris que les soldats de l’Etat arrivaient, tous les habitants des villages se sont enfuis dans la forêt. Cette nuit, en pleine saison des pluies, je suis certain que dans un rayon de 75 miles autours de Luebo, 40000 personnes -chiffre sans doute sous-estimé-, hommes, femmes, enfants, ainsi que des malades, dorment dans la forêt sans aucun abri. » Vers la même époque, un jeune explorateur anglais, Edward S. Grogan, qui parcourait toute l’Afrique à pied, fut épouvanté par ce qu’il découvrit en traversant l’extrême nord-est du Congo : « Tous les villages avaient été réduits en cendre,  et en me hâtant de quitter ce pays j’ai vu des squelettes, des squelettes partout ; et leurs postures -quels récits d’épouvante elles racontaient ! »

 

L’intégralité ici

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