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XADA POLITICUS
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13 août 2012

Terrorisme Occidental : Tous responsables

Quant on voit ce que Barack Obama, David Cameron, François Hollande et leurs alliés sanguinaires de l’OTAN font en ce moment en Syrie après la Libye, on ne s’étonne de rien venant de leur part. Que représentent à leurs yeux 211 Wê massacrés par leurs tueurs de la CEDEAO, par rapport aux centaines de syriens quotidiennement massacrés par leurs mercenaires encadrés par leurs forces spéciales en Syrie ? Vraiment rien, sinon pas grand-chose ! Les larmes de crocodiles qu’ils font semblant de verser ne servent qu’a rassurer leurs opinions nationales respectives sur la nature (fausse) démocratique de leurs nations…

 

LE NOUVEAU COURRIER -24 juillet 2012

Tous responsables

4145875966Pour une fois, «la communauté internationale» s’est réveillée. Après le choc du massacre prémédité du camp de déplacés de Nahibly, la Suisse, les Nations unies, les Etats-Unis et l’Union européenne ont élevé la voix pour exprimer leur condamnation sans nuance. On remarquera au passage que la France officielle ne s’est pas exprimée sur le sujet entre vendredi matin et dimanche soir, au moment où nous mettons sous presse… alors que François Hollande recevra Alassane Ouattara cette semaine à l’Elysée. 

Le concert de protestations internationales auquel nous assistons en ce moment ne doit pas nous faire perdre notre lucidité et notre sens critique. Si le régime Ouattara et ses nervis armés sont objectivement les seuls coupables de cette tuerie insensée, les chancelleries occidentales, les organisations internationales et les ONG de défense des droits de l’homme, qui n’ont pas une seule seconde cessé de couvrir les  méfaits des maîtres d’Abidjan de leur complaisance, sont moralement coresponsables de ce qui est arrivé vendredi dernier.

Unité d’action entre une communauté ethnique, une milice tribale et «l’armée nationale»

Que s’est-il passé, au fond, au camp de déplacés de Nahibly ? Estimant avoir été braqués par des membres de l’ethnie guéré vivant à Nahibly, certains habitants du quartier majoritairement malinké de Kokoman, aidés d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et de miliciens dozos, sont allés, armés jusqu’aux dents, incendier le camp où vivaient plus de 5 000 âmes et assassiner au moins 13 personnes – par balles, par arme blanche, par le feu. Deux choses frappent d’emblée. L’incroyable unité d’action entre une communauté ethnique, une milice tribale (les Dozos), et ce qui est censé être l’armée nationale. Mais aussi la logique, voire l’idéologie pré-génocidaire qui flotte sur le pays des Eléphants. Au-delà de la punition collective, insensée par définition, il s’agissait de faire disparaître du paysage local la part la plus large possible d’une communauté ethnique. Et l’endroit où ce drame s’est produit n’est pas n’importe quel endroit : c’est bien dans la ville de Duékoué que les troupes pro-Ouattara d’alors ont commis, fin mars 2011, le pire massacre de l’histoire de la Côte d’Ivoire – plus de 800 tués en une seule journée. Un massacre à «cadence génocidaire», selon l’expression du jeune universitaire ivoirien Eddie Guipié. Un massacre à ambition génocidaire. Puisque les tueurs se sont fondés sur les cartes d’identité de leurs «proies» pour tuer tout ce qui était mâle et d’ethnie Guéré. C’est l’incroyable réaction de la «communauté internationale» face à ce mal indicible qui a accouché de la tuerie de Nahibly.

Qu’a fait l’ONU en mars 2011 ?

Sur le terrain, les Casques bleus ont assisté sans broncher à l’orgie de sang. Ils ont enterré les victimes dans des fosses communes sans respecter les dispositions permettant de les identifier, et d’engager plus facilement des enquêtes et des poursuites judiciaires nationales et internationales. A Abidjan, les communicants de l’ONUCI ont engagé une polémique indécente avec la Croix-Rouge pour pouvoir minimiser le nombre de victimes des forces pro-Ouattara – par la suite, tous les indices ont donné, plus que largement, raison à la Croix-Rouge, obligée de sortir de son légendaire devoir de réserve à cause de la complicité des Nations Unies. Du côté des organisations internationales des droits de l’Homme, si Amnesty International a très vite tiré la sonnette d’alarme, la FIDH s’est déshonorée en défendant la thèse d’un «contre-massacre préventif», comme l’a résumé le site Slate Afrique, avant de se désintéresser du dossier. En mars 2011, le storytelling médiatique pro-Ouattara a pesé plus lourd dans la balance que les centaines, voire les milliers de victimes de l’Ouest ivoirien.

L’étrange sens des priorités de la Cour pénale internationale

Quand, finalement, toute la vérité sur l’ampleur et l’horreur du massacre de mars 2011 a été révélée avec du retard par des médias comme Le Nouvel Observateur, La Croix et Associated Press – la BBC en anglais ayant été bien plus réactive –, comment ont réagi les grands de ce monde ? L’Union européenne a relancé sans la moindre conditionnalité sa coopération avec l’Etat ivoirien, alors qu’elle observait d’un œil vigilant, voire suspicieux, la Guinée d’Alpha Condé, où rien de semblable au massacre de Duékoué-Carrefour n’avait pourtant eu lieu. La France de Nicolas Sarkozy et les Etats-Unis de Barack Obama ont déroulé le tapis rouge à un Ouattara qui n’a pourtant eu de cesse de récompenser ses hommes en armes plus que soupçonnés des pires violations des droits de l’Homme.

Dotée d’un étonnant sens des priorités, la Cour pénale internationale (CPI) a jugé urgent de transférer à La Haye le président Laurent Gbagbo, pourtant déjà incarcéré – et dans quelles conditions ! – à Korhogo. Tandis que les tueurs pro-Ouattara de Duékoué et d’ailleurs, ainsi que leurs donneurs d’ordre politiques, étaient non seulement en liberté mais en position de terroriser les victimes et d’éliminer à la fois preuves et témoins. S’il ne s’agit pas là de la célébration la plus indécente de l’impunité des uns et de l’humiliation des autres, de quoi s’agit-il ?

Alors que la Côte d’Ivoire est censée être sous la surveillance de la justice internationale, des hommes, civils et militaires, sont allés en plein jour détruire un camp de réfugiés et brûler vifs ceux qu’ils ont pu «attraper». Cela signifie bien qu’ils ont intégré mentalement une sorte d’axiome : la CPI, c’est pour Gbagbo et ses semblables ! La vie des pro-Gbagbo a une valeur relative !

Ce qui devait arriver est donc arrivé !

Au-delà des larmes de crocodile des uns et des autres, la seule question qui vaut la peine d’être posée aujourd’hui est : et maintenant ? Va-t-on continuer de célébrer, à longueur de rapports de l’ONU et de prises de parole publiques, le «démocrate» Alassane Ouattara, tout au plus pris au piège d’une armée qu’il n’arrive pas à discipliner ? Va-t-on ignorer le refus forcené de ce régime d’aller à une vraie réconciliation, dont le signe le plus évident est le boycott financier que subit la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR) dirigée par un Charles Konan Banny qui est pourtant de la même famille idéologique qu’Alassane Ouattara ? Va-t-on continuer d’attribuer, avec lâcheté, les impasses ivoiriennes à une prétendue mauvaise volonté d’une opposition poussée dans ses derniers retranchements ?

Ces questions, les déplacés du camp de Nahibly, désormais éparpillés dans les forêts environnantes, ne se les posent pas. Ils tentent aujourd’hui de survivre, et espèrent enterrer leurs morts dans la dignité – donc, pas dans des fosses communes, cette fois-ci.

Théophile Kouamouo

 

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